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Communiqués de presse
25.03.2024

Statistique policière de la criminalité (SPC): rapport annuel 2023

Nouvelle augmentation du nombre d’infractions pénales en Suisse

Le nombre d’infractions pénales enregistrées en Suisse a augmenté pour la deuxième fois consécutivement. L’année passée, les corps de police de Suisse ont annoncé à l’Office fédéral de la statistique un total de 522'558 infractions pénales, ce qui représente une augmentation de 14% comparativement à l’année précédente et s’explique principalement par l’accroissement des délits contre le patrimoine. Avec +31.5%, la criminalité numérique enregistre elle aussi une augmentation notable du nombre d’infractions pénales.

L’augmentation de 14% par rapport à l’année 2022 correspond à 64'009 infractions au Code pénal (CP). «Ajoutée à toutes les activités policières qui n’apparaissent pas dans la statistique policière de la
criminalité, comme le service d’ordre lors de manifestations par exemple, cette augmentation du nombre d’infractions pénales met à très rude contribution les corps de police de Suisse», déclare Mark Burkhard, président de la Conférence des commandantes et des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS). «Le nombre croissant d’infractions pénales et les exigences formelles du Code de procédure pénale ont pour effet que nos collaboratrices et collaborateurs passent énormément de temps à rédiger des documents, ce dont il découle une réduction supplémentaire de la présence policière préventive dans la rue.».

Forte augmentation du nombre d’infractions pénales contre le patrimoine – un échange de données au niveau national s’impose

L’augmentation du nombre d’infractions pénales enregistrées provient spécialement des délits commis contre le patrimoine. Ce domaine enregistre pour la deuxième fois consécutivement une forte augmentation (+17.6% comparativement à 2022). Il s’agit notamment d’une augmentation du nombre de vols par effraction, qui passent de 25'452 à 28'793 (+13%). Les vols par intrusion ont eux aussi augmenté de 23% (12'636). Le taux d’élucidation de ces deux catégories d’infractions a également légèrement augmenté par rapport à l’année précédente (vols par effraction: +0.2%; vols par intrusion: +0.3%). La plus forte augmentation des délits contre le patrimoine concerne les vols de valeurs dans des véhicules (+71%). «Bien qu’il s’agisse de bagatelles, ces délits causent un énorme travail pour les corps de police», déclare Mark Burkhard. Vu l’absence d’échanges de données entre les corps de police, cantonaux et municipaux, il est difficile de détecter en temps utile les infractions commises en série et de réagir en conséquence. «Les criminels ignorent les frontières, qu’elles soient cantonales ou nationales. Si nous savons qu’une personne arrêtée a déjà commis un vol ou un délit dans un autre canton, cela a des conséquences pour le traitement du cas par les ministères publics et par les tribunaux et, finalement, pour la peine prononcée», ajoute Mark Burkhard. La lutte contre la criminalité sérielle requiert dès lors inéluctablement de disposer de bases de données nationales.    


 

Augmentation du nombre de personnes prévenues en 2023

La statistique policière de la criminalité de 2023 fait apparaître un total de 90'403 personnes prévenues pour infractions au Code pénal, c'est-à-dire 3’710 personnes de plus qu’en 2022 (+4.3%). Pour la
deuxième fois consécutivement, la plus forte augmentation concerne les personnes inculpées de 25 ans et plus (+4.5%). Le statut de séjour des personnes connaît également une légère variation:
44.3% étaient des personnes de nationalité suisse (-2.7%) et 31.2% des personnes de nationalité étrangère au bénéfice d’un permis d’établissement ou de séjour (-0.9%). 6.6% des personnes prévenues enregistrées étaient des requérantes ou requérants d’asile, des personnes admises provisoirement ou des personnes vulnérables (+2.4%). La part de la population résidente non permanente a également augmenté de 16.8% à 17.9%.

Les infractions de violence grave au plus haut niveau depuis 2009

L'année passée, le nombre d’infractions de violence commises en Suisse a augmenté de 1.5%. Au total, 47'381 infractions de violence ont été enregistrées. 2’057 de ces délits étaient des infractions de violence grave. Ce sont 115 délits (+5.9%) de plus que l’année précédente, soit la plus haute valeur depuis 2009. Onze homicides de plus ont été commis par rapport à 2022 (+26.2%). Les tentatives d’homicide et les lésions corporelles graves enregistrent elles aussi des augmentations (+17.4% et +15.5%).
Par contre, parmi les infractions de violence grave, le nombre de viols et de brigandage a diminué
(-3.2% et -25%). Le nombre de cas de violence domestique est resté pratiquement inchangé (-0.3%). Sur les 53 homicides consommés, 25 l’ont été dans un cadre de violence domestique, ce qui correspond aux valeurs de l’année précédente.

Nouvelle augmentation du nombre de délits dans le domaine de la criminalité numérique

En 2023, 44’111 infractions pénales enregistrées ont été commises dans l’espace numérique, soit une augmentation de 31.5%. Comme l’année précédente déjà, une grande partie des délits relèvent de la «cybercriminalité économique» (92%). Comparativement à 2022, l’augmentation des cas de «phishing» (+70%) et de fraudes à l’investissement en ligne (+43%) est particulièrement importante.

«La numérisation se poursuit dans notre société, raison pour laquelle de nombreuses catégories de délits se déplacent elles aussi dans l’espace numérique. Il est dès lors urgent de mettre en place des ressources policières dans ce domaine ou de procéder à leur distribution adéquate. Le volume de travail requis pour une enquête dans l’espace cybernétique est particulièrement élevé», explique Serdar Günal Rütsche, directeur du Réseau national de soutien aux enquêtes dans la lutte contre la criminalité informatique (NEDIK). Si le nombre de cas reste bas, puisque les cyberdélits représentent 8.4% des infractions pénales enregistrées en Suisse en 2023, ce sont toutefois souvent des sommes élevées ou d’autres dommages importants qui sont en jeu (par exemple en raison de la publication de données, d’interruptions prolongées d’exploitation ou de dommages à la réputation). De plus, la poursuite des cyberdélits est extrêmement complexe et confronte les autorités judiciaires à des problèmes très particuliers. Il faut par ailleurs garder présent à l’esprit qu’en plus des cas dont nous avons connaissance, un grand nombre d’entre eux restent dans l’ombre.

Renseignements: Communication de la CCPCS: media@kkpks.ch ou téléphone 031 512 87 25

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