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Communiqués de presse
24.08.2023

Crime Survey 2022: Haut niveau de confiance en la police - Premières données relatives aux délits et crimes de haine

Il ressort de la dernière enquête de sécurité effectuée, l’année passée, que plus de 90 % de la population suisse a confiance en la police. Les données de l’étude «Crime Survey 2022» mettent en outre en évidence un recul du nombre de délits contre la propriété, comme le vol et le brigandage, comparativement à 2015. Par contre, les Suissesses et les Suisses sont toujours plus fréquemment les victimes de délits relevant de la cybercriminalité. Cette étude fournit par ailleurs pour la première fois, pour la Suisse, des données chiffrées concernant les délits et crimes de haine.

Des enquêtes représentatives sur les zones d’ombre de la criminalité sont effectuées en Suisse depuis plus de 30 ans. L’étude Crime Survey, effectuée à la mi-2022 et qui a été la plus vaste jamais réalisée, a mis en évidence la poursuite de tendances depuis 2015. «Nous avons constaté une tendance à la diminution du nombre de délits contre la propriété, ce qui va dans le même sens que la statistique policière de la criminalité. Par contre, le nombre de personnes qui ont été les victimes d’activités en ligne augmente», déclare la prof. Nora Markwalder (Université de Saint-Gall), directrice de l’étude. Dans les grandes lignes, néanmoins, la «Crime Survey 2022» fait ressortir une tendance positive. Ainsi, plus de huit personnes sur dix (87%) se sentent en sécurité en Suisse. Depuis le début des relevés, en 2000, cette valeur augmente continûment et elle enregistre aussi une croissance notable comparativement au dernier relevé effectué, en 2015. «Nous nous réjouissons naturellement beaucoup de ce résultat qui confirme que nous déployons les bonnes mesures dans de nombreux aspects de notre travail de police. Notre objectif doit toutefois être qu’un nombre encore plus grand de personnes se sent en sécurité en Suisse», explique Mark Burkhard, président de la Conférence des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS), qui a commandé l’étude.

L’escroquerie comme délit le plus fréquent

Sur les 15’519 personnes interrogées, 8.4% d’entre elles ont indiqué avoir été les victimes d’un délit (notamment fraude à l’investissement, escroquerie en relation avec des marchandises, Romance Scam) l’année passée. Il s’ensuit que l’escroquerie est maintenant le délit le plus fréquent en Suisse. Elle est suivie des délits relevant de la cybercriminalité (6.2%), du harcèlement sexuel (4.3%), des menaces (4.2%) et du vol de bicyclettes (3.9%) ou d’effets personnels (3.0%). Pour la plupart des délits, les personnes plus jeunes sont plus fréquemment concernées que celles plus âgées. Une distinction peut aussi être faite entre les hommes et les femmes: les hommes sont plus fréquemment les victimes de chantages, d’escroqueries et d’infractions de violence, comme les brigandages, les lésions corporelles et les menaces, tandis que les femmes sont plus souvent confrontées ou harcèlement sexuel, à la violence sexuelle et au «stalking». Concernant la criminalité violente, aucune comparaison avec des études passées n’est possible, car le relevé des données a été fortement adapté. «Chaque année, environ 1% de la population, au moins est confrontée à des voies de fait, à des lésions corporelles et à de la violence sexuelle. Les menaces et le harcèlement sont par contre notablement plus fréquents», ajoute le prof. Dirk Baier (de la Haute école ZHAW), codirecteur de l’étude.

Premières données chiffrées représentatives sur les délits et crimes de haine en Suisse

Cette étude a également relevé pour la première fois des données représentatives au sujet de la fréquence des délits et des crimes dits «de haine» (Hate Crimes), c’est-à-dire découlant de préjugés. Il s’agissait de savoir si le délit dont une personne a été la victime était en relation avec l’appartenance à un groupe donné (couleur de peau, origine, sexe, orientation sexuelle, etc.). 3.4 % des personnes interrogées ont déclaré avoir vécu l’année passée une violence en relation avec l’appartenance à un groupe; le plus souvent, il s’est agi d’insultes. La violence était en relation avec l’origine de la personne dans 40.1% des cas, son sexe dans 17.7% des cas et son aspect physique dans 17.5% des cas. «La police prend très au sérieux la problématique des délits et crimes de haine, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons commandé une étude plus approfondie», explique Mark Burkhard. Il ne sera toutefois possible de tirer des conclusions solides au sujet de l’évolution que lorsque les comparaisons seront possibles, lors d’une prochaine étude. «Aujourd’hui déjà, nos collaboratrices et collaborateurs sont sensibilisés à cette thématique pendant leur formation et leur perfectionnement». Il s’ensuit que les victimes qui déposent plainte font majoritairement une expérience positive du travail de police. Les victimes de délits et crimes de haine doivent, dès lors, être encouragées à contacter plus souvent la police, c’est pourquoi la Prévention suisse de la criminalité, par exemple, a lancé une campagne consacrée aux délits et crimes de haine, avec pour objectif d’expliquer notamment aux victimes ce qu’elles peuvent entreprendre pour se défendre.

Nombreuses victimes en ligne

La criminalité, elle aussi, suit le développement de la numérisation, c’est pourquoi l’étude a aussi accordé une grande attention à la cybercriminalité. Il en est ressorti que la population de la Suisse est fortement touchée par divers types de cyberdélits. Au total, 6.2% des personnes interrogées ont déclaré avoir été les victimes, l’année passée, d’actes tels que le hacking, l’abus de cartes de crédit, la perte ou l’endommagement de données, ou encore le rançonnage, ce qui représente une augmentation par rapport à l’enquête de 2015 – des comparaisons aux données passées n’étant cependant possibles que de manière limitée en raison de la modification du relevé des données. Le taux de dénonciation des délits est très bas, puisque 90 % de ces derniers ne sont pas annoncés à la police. Il s’ensuit qu’une grande partie des cyberdélits restent dans l’ombre. Pour que les autorités judiciaires puissent faire leur travail de lutte contre la cybercriminalité, toutefois, il faut que des plaintes soient systématiquement déposées dans de tels cas, c’est pourquoi Suisse ePolice a réagi et adapté sa plate-forme. Le nouveau module «cybercriminalité» offre la possibilité de déposer plainte en ligne, si bien qu’il n’est plus nécessaire de se rendre dans un poste de police pour environ 50% des cas de cybercriminalité. Plusieurs cantons de Suisse ont déjà mis en ligne ce module et d’autres vont encore le faire ces mois prochains.

Haut niveau de confiance en la police

La manière dont la police est perçue par les personnes interrogées a également été relevée. Neuf personnes sur 10 (92.4%) déclarent avoir confiance en la police, ce qui revient à dire que la confiance de la population suisse en la police reste stable à un très haut niveau. Plus de 90% des personnes interrogées déclarent que les efforts déployés par la police pour lutter contre la criminalité sont bons à très bons. 88.9% déclarent n’avoir jamais eu peur d’être les victimes d’un crime pendant les 12 derniers mois. «Les mesures en vigueur ont fait leurs preuves et doivent impérativement être maintenues», déclare Mark Burkhard. Il pense notamment à la gestion des menaces, mise en place dans la plupart des cantons ces années passées dans le cadre du plan d’action contre la violence domestique. Il s’agit d’un aspect important de la défense policière préventive.

L’étude «Crime Survey»

L’étude «Crime Survey 2022» a été effectuée par l’Université de Saint-Gall et la Haute école zurichoise pour les sciences appliquées (ZHAW), sur mandat de la CCPCS. Elle s’inscrit dans la ligne des études nationales précédentes de l’«International Crime Victimization Survey (ICVS)» et repose sur un échantillonnage représentatif, comptant 15’519 personnes. Cette étude sert à déterminer le sentiment subjectif de sécurité, l’attitude envers la police, ainsi que les expériences faites par la population suisse comme victime d’infractions. Attendu qu’une partie de ces infractions ne sont pas dénoncées, elles ne sont pas non plus saisies dans les statistiques officielles et ne peuvent être mises en évidence que par «des enquêtes sur les zones d’ombre». L’enquête proprement dite a été effectuée par l’institut gfs- zürich entre mai 2022 et août 2022. Le taux de réponse a été de 38.2%.

Renseignements:

CCPCS : media@kkpks.ch / 031 512 87 25

Direction des études : Prof. Dr. Nora Markwalder, nora.markwalder@unisg.ch / 071 224 24 08

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